« La Suisse existe, je l'ai rencontrée » II : création d’une image unifiée de la Suisse à l’étranger / bâtiments et collections d’art

a) Les bâtiments et leurs occupants

La Suisse est un pays multiculturel qui souhaite donner une image cohérente de sa culture à l’étranger – sachant que cohérence, en matière culturelle, ne signifie pas unification. L’image du pays doit se refléter dans les bâtiments eux-mêmes, mais aussi dans le mobilier et les collections d’arts que ces locaux abritent. La mission s’avère également complexe par le fait que les bâtiments appartiennent à une entité de la Confédération, l’Office fédéral des constructions et de la logistique, mais sont occupés par une autre : le Département des Affaires étrangères. L’image du pays est donc travaillée de façon conjointe entre le «propriétaire» et le «locataire», le premier s’efforçant de conformer ses locaux à des usages connus essentiellement du deuxième.

La question des choix et des critères qui les conditionnent se pose donc. Qu'est-ce qui, des murs ou de l’usage qui en est fait, a la prépondérance sur l’autre ? Dans quelle mesure les diplomates ont-ils, pour les bâtiments qu’ils occupent, la possibilité d’adapter aux réalités du pays dans lequel ils travaillent les décisions prises par le propriétaire demeuré en Suisse ?

Par sa diversité, géographique, historique, stylistique, ce patrimoine immobilier et mobilier renvoie une certaine idée de la Suisse. Il est à sa manière le porte-parole d’un pays (plus que d’une nation), exprimant la volonté de ce dernier d’aller vers l’autre sans renoncer à ce qui fait sa personnalité et son histoire.

b) Les collections d’art

Depuis l’arrêté fédéral de 1887 concernant «l'avancement et l'encouragement des arts en Suisse», la Confédération a constitué l’une des plus importantes collections d’art du pays (environ 15 000 œuvres). Cette collection n’est pas publique en tant que telle. En effet, la moitié des œuvres est conservée au Centre des collections à Berne, qui les prête régulièrement pour des expositions spécifiques en Suisse et à l'étranger. Quelque 7000 œuvres se trouvent dans des musées suisses, à titre de prêt permanent. Enfin, 4000 autres œuvres sont exposées et visibles, même si un nombre de personnes limité y ont accès : elles se trouvent dans les salles officielles du Parlement, de l’Administration fédérale et, à l’étranger, dans les locaux diplomatiques ou consulaires.

La Confédération s’est beaucoup interrogée sur l’éventuelle création d’un musée qui aurait permis de présenter tout ou partie des œuvres d’art en sa possession ; mais une telle création s’est avérée peu envisageable pour des raisons pratiques et économiques. De plus, ses fonds n’ont toujours pas fait l’objet de publications pour le moment, mais il est prévu qu’ils soient rendus accessibles dans les années à venir sous la forme d’un catalogue en ligne.

Dans les représentations suisses à l’étranger, il est de tradition que les œuvres soient choisies par les occupants des lieux. Mais quels sont les critères qui déterminent ces choix ? S’agit-il de choix purement personnels, sans forcément de lien de style ou d’époque avec le bâtiment qui les reçoit ? S’agit-il de choix conditionnés par le message politique qu’on souhaite exprimer à un moment donné ? S’agit-il plutôt de choix effectués par des historiens de l’art professionnels, destinés à entrer en résonance avec les bâtiments ? Quel est le tournus de ces œuvres ?

Une telle collection, par son pluralisme, est un reflet parmi d’autres de la bio-diversité culturelle très riche de la Suisse. Disséminée sur de nombreux lieux de conservation et d’exposition, cette collection n’en demeure pas moins l’expression cohérente de la créativité d’un pays, un instrument de communication et de rencontre.